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Le Monastère des Augustines

29 Rue Monte Au Ciel

29100 Douarnenez

L'église et les Bretons

Alain Le Doaré

 

Sur la mer comme au ciel…

   Les marins sont des hommes sur la mer, qui chassent du poisson, qui transportent des marchandises ou des hommes. Pour l’Église catholique, les marins et les populations côtières forment des ensembles particuliers dont elle va envisager la prise en compte par secteurs géographiques et par secteurs d’activités. 

   Des communautés maritimes existent sur les marges littorales des traditionnelles paroisses, pour se trouver à proximité immédiate des lieux de pêche, souvent hors du giron de l’église-mère. Un habitat partiellement groupé, les enferme parfois dans des quasi-ghettos comme le Rosmeur à Douarnenez et  les “quartiers du port” dans plusieurs villes littorales. Les dossiers établis dans les différents évêchés pour revendiquer une émancipation religieuse de ces populations maritimes, mettent d’abord la plupart du temps en avant la distance géographique entre le bourg, l’église, et la zone d’habitat des marins. Près de Nantes, à Trescalan, l’action du curé se heurte selon lui « à une difficulté grave” : 
“L’église et la cure sont situées à l’intérieur des terres, à 2 km du port de la Turballe. Cette dernière agglomération n’a ni église, ni chapelle de secours, ni salle de réunions. Les pêcheurs et marins de La Turballe sont donc obligés de faire tous les dimanches 4 km pour avoir la messe. Or c’est le samedi soir qu’ils rentrent généralement de mer, et le dimanche matin ils ont à nettoyer leurs bateaux.”
   Un double mouvement entre des populations réclamant leur indépendance religieus et le souhait du clergé de répondre à des besoins spécifiques conduit à de nouvelles divisions ecclésiastiques le long des côtes. C’est dans le diocèse de Quimper que les érections de paroisses maritimes sont en France les plus nombreuses (une quinzaine de 1841 à 1951).

   A la fin du XIXème siècle, des œuvres éparses existent sur tout le littoral, essayant de porter assistance à tous les marins. Elles tentent surtout de venir en aide aux marins de commerce, à ceux de la Grande Pêche, et aux marins militaires, éloignés durant des mois de leur port d’attache.
   La Société Catholique des Marins à Saint-Pierre et Miquelon vient en aide aux marins de la grande pêche qui quittent les ports normands et bretons. L’œuvre des Orphelins de la Mer, est fondée en 1897. Une œuvre importante, celle de l’archiconfrérie de Notre Dame de la Mer est érigée dans de nombreux ports pour “faire prier pour les marins et leur assurer la protection de la Vierge, Étoile de la Mer”. Ces confréries ne sont pas simplement spirituelles et ont aussi une couleur sociale puisque souvent s’y agrègent, notamment après 1891, des syndicats mixtes et des caisses de secours mutuels. Les marins-pêcheurs peuvent quant à eux se rendre dans un des nombreux “Abris du Marin” de Jacques de Thézac. Dans ces foyers ou dans des locaux paroissiaux, des vicaires donnent aussi quelquefois des cours de perfectionnement à de jeunes marins et posent les bases de quelques écoles de pêche.
   Des foyers d’accueil reçoivent quant à eux les marins de commerce qui se retrouvent en escale dans les ports français. Au Havre, le foyer est ouvert et tenu par l’abbé Arson depuis 1925 et accueille en nombre les marins bretons. 

   Au début des années trente naît à Saint Malo la Jeunesse Maritime Chrétienne : la JMC. À l’exemple des autres mouvements d’Action catholique dite “spécialisée” comme la JOC pour les ouvriers, la JAC pour les paysans, la JMC doit former parmi les jeunes marins des militants chrétiens. La fédération JMC du Finistère devient la première de France. Son action est particulièrement remarquable durant la seconde guerre mondiale ; les marins sont à terre et peuvent enfin être rejoints par le clergé « terrien ».
   Profondément marquée par l’action du dominicain Louis-Joseph Lebret, co-fondateur de la JMC, les militants doivent transformer les structures du monde maritime français. Des institutions  nouvelles trouvent leur origine dans le mouvement qu’il initie notamment les EAM (Ecoles d’Apprentissage Maritime), actuels Lycées professionnels qui conduisent aux métiers de la mer.

   A partir de 1945 ce sont des séminaristes et des prêtres de la Mission de la Mer qui embarquent sur les bateaux de pêche et les navires de commerce. Ils ne sont pas des aumôniers du bord. A la manière des prêtres ouvriers, ils essaient de devenir des marins et d’être prêtre à partir de ce qu’ils deviennent. D’autres, comme les Petits Frères de Jésus, vivent de la spiritualité de Charles de Foucauld ; ils installent une communauté à Concarneau en 1949 et naviguent à la Pêche.  

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