Réhabiliter l'ancienne chapelle des Sœurs Augustines Hospitalières du Clos (29 rue Monte au Ciel à Douarnenez)

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Le Monastère des Augustines

29 Rue Monte Au Ciel

29100 Douarnenez

DOUARNENEZ de A à Z

Textes Alain Le Doaré : « DOUARNENEZ » - Editions Bargain, Quimper, juillet 2005


Bars : Les bars à Douarnenez font partie du paysage urbain. Ils balisaient les rues et les venelles. Aujourd’hui beaucoup d’entre eux sont fermés, l’Abri de la tempête, l’Etoile d’or, chez Jeanne, chez Lisette… Ils vivent une seconde existence, en appartement ou en restaurant. Ils étaient les lieux où les marins se retrouvaient. C’est là aussi, dans l’arrière-salle souvent, que les « parts », en liquide, (« salaire » du marin) étaient données par le patron du bateau. Les tournées pouvaient s’enchaîner alors à un rythme soutenu. Aujourd’hui les Douarnenistes, les visiteurs de passage, se retrouvent dans les bars du port, au Rosmeur, à Tréboul, autour des Halles. On y refait le monde. Loin des télévisions, les solitudes y deviennent solidaires, s’oublient et se soignent. 

Cales : Deux cales magnifiques sur le Vieux port : la cale raie et la cale ronde. La première, la plus proche des Plomarc’h, la seconde au milieu du port. La cale raie mérite un détour particulier. Un ensemble de rochers et de pierres usés par les marées, les sabots et les bottes. A l’endroit autrefois où s’étalaient les raies, les enfants d’aujourd’hui déposent leurs vêtements avant de faire des plonjes spontusses durant l’été. Il y a quelques temps encore s’accumulaient entre le quai et la cale des tas d’os blanchis par la mer. Au temps où le sac  plastique ne souillait pas encore les côtes, les seaux des foyers remplis des déchets domestiques étaient vidés à proximité. La mer se chargeait du recyclage et les courants déposaient contre les murs du quai les restants solides des repas. Fortunes de terre. 

Filets : Ils ont marqué l’histoire de Douarnenez. Au temps des filets droits (jusqu’aux années Cinquante), la sardine appâtée par la rogue de Bergen (Norvège), venaient se coincer dans les mailles fines. La bolinche, le chalut (…) leur ont succédé. Pour plus d’efficacité. Ils ont ouvert une autre époque pour les Douarnenistes, foncièrement attachés à leur ancestrale technique de pêche qui leur paraissait respecter la ressource de la baie nourricière. Les filets droits étaient bleus. Accrochés sur tous les murs de la ville pour sécher. Parfois, lors des grandes fêtes, religieuses ou profanes, ils étaient étendus entre les maisons pour servir de voûtes éphémères. Aujourd’hui, les murs des maisons et des propriétés conservent encore sur leurs flancs ces crochets rouillés, témoins d’une épopée maritime qui a pétri tout le paysage urbain. Sur les quais du port de pêche, à l’occasion des réparations nécessaires, s’étalent toujours aujourd’hui d’immenses filets, nasses des chalutiers et des pélagiques. 

Gras : Une institution douarneniste depuis plusieurs siècles. En chrétienté, lorsque pouvoir civil et religieux se confondaient, la période du Carême, les quarante jours avant la fête de Pâques, était synonyme de jeûne. Il était plus ou moins bien respecté dans l’intimité des foyers. Au dehors par contre, une communauté soucieuse de respecter les règles de l’Eglise aurait condamné les écarts des individus. Alors, durant les cinq jours et les cinq nuits des Gras, avant que tout soit défendu, tout était permis. Aujourd’hui encore, malgré l’arrivée du socialement correct, malgré les règles et les normes édictées pour encadrer la fête, l’esprit des Gras demeure. Quelques scènes peuvent choquer. Cependant, les femmes et les hommes de Douarnenez font avant tout les Gras pour avoir du goût, se déguiser, vivre un rôle durant quelques journées et quelques nuits, faire la fête, partager l’amitié qu’ils savent donner.

Halles : Le lieu où on fait ses courses et le lieu où on fait la fête. A l’intérieur et à l’extérieur, les commerces se juxtaposent, proposant tout au long de l’année les produits qui viendront garnir les tables : viandes, fruits de la mer, fromages, fleurs… De 1875 à 1877, avant la fin des travaux de l’église du Sacré-coeur, l’édifice servira au culte dominical sous le nom de « Saint Maurice des Halles ». A l’étage, depuis le milieu des Années Vingt, la Salle des Fêtes. Elle est le lieu des bals, des expositions, des festivals, été comme hiver. Dans cette salle à danser et à chanter on peut remarquer la série de peintures réalisées par des artistes à la demande du conseil municipal dirigé par Daniel Le Flanchec. De la plage du Ris à Pouldavid, les différents tableaux donnent aux yeux une vue panoramique du Douarnenez des années Trente, ses quais, ses usines, les Plomarc’h…

Langue : Il existait un parler français de Douarnenez. J’ai la faiblesse de croire qu’il existe encore. Des mots a dreuz. René Pichavant les a magnifiquement exposés dans son « Le Douarneniste comme on le cause ». Mélange de breton et de français, c’est la langue des gens d’ici pour dire leur vie. C’est le résultat de l’interférence entre le breton, langue native, et le français, langue d’importation. A Saint-Blaise on a essayé de me l’enlever en me faisant honte des mots droches qui sortaient de ma bouche. A l’université de Brest, à 18 ans, quittant pour la première fois Douarnenez, je me suis aperçu que mon accent amusait. Le Douarneniste était reconnu. Rire. Parfois mépris. Rien n’y fait. Je continue à avoir un accent spontusse et c’est comme çà. Tant pis pour les flairiuss qui sont en train de dibaber les mots avant qu’ils sortent de leur bouche. Drolavarr, ici on parle avec son cœur et si un pao-kol ou une manm’à reuze fait la bouche merci m’euz kédime parce qu’on cause pas un français bénnague, il a qu’à aller faire ses plonjadenn à Bénodet plutôt qu’au Goret. Ou alors venir faire les Gras un coup. Là on arrête de ran-ouenner et entre la cale raie et le den-paolig il aura les moyens de pratiquer la langue avessonn. 

Marins : Platon semble-t-il divisait l’humanité en trois catégories : les vivants, les morts et les marins. Douarnenez fut une ville de marins. Elle doit son origine à ces hommes qui ont un jour risqué leur vie sur la mer. Elle doit son présent à ceux qui ont quitté la terre, leur famille, leur foyer, pour aller gagner leur vie sur la mer, élément fascinant, aimé et dangereux, que ces citoyens du large ne maîtrisent jamais totalement. Ils ont été des milliers à chasser le poisson ou la langouste ici et là, près des eaux de la Baie, près des côtes d’Afrique et des autres continents. Ils ont aussi été ceux de la Marchande ou de la Royale, transportant des marchandises, des hommes ou des canons aux quatre coins de la mer. Douarnenez leur appartient. Qu’ils soient vivants ou qu’ils soient morts. Leur mémoire est présente dans les venelles du port, sur les quais parfois déserts, autour des halles… On ne peut comprendre un peu de cette ville sans avoir dans son sang, ou au moins dans son esprit, le sel de cette mer qui a donné du goût et des larmes.

Port-Musée : Sauvegarder et partager des morceaux de notre histoire maritime. C’est la vocation de ce musée installé dans les bâtiments d’une ancienne conserverie, au Port-Rhu. Le visiteur s’immerge dans l’univers des gens de mer grâce à la visite d’expositions et de navires à flot. La collection de bateaux est impressionnante et fait du maire de la Ville de Douarnenez un des plus grands armateurs de France... Un projet scientifique et culturel solide permet aujourd’hui au musée d’avoir le vent en poupe. De nouveaux espaces, en construction, en rénovation. Des expositions temporaires privilégiées pour proposer du neuf, de l’inédit. 

Navires : On descend à bord. On monte à bord. Quoiqu’il en soit, on embarque sur un navire. Tout peut être pratiqué en mer : la pêche pour gagner sa vie ou pour le plaisir, la plaisance, la culture aussi, sur un des bateaux à flot du Port-Musée ancré dans le Port-Rhu. Les charpentiers de marine en ont construits de toutes sortes, suivant les pêches pratiquées, résultats d’une longue tradition de construction navale et de l’adaptation des progrès techniques les plus pointus. Affronter l’océan réclame du courage au marin. Il le doit à son tempérament mais aussi à la confiance qu’il donnera à cette chaloupe, ce chalutier, ce palangrier ou ce thonier. 

Quais : Entre terre et mer. Ils sont les derniers lieux qu’on quitte avant de prendre la mer. Ils sont les premiers qu’on aborde lorsqu’on arrive à terre. Erigés en petits moellons ou en gros blocs de pierres d’allure cyclopéenne, ils ceinturent la ville de leur bras protecteurs. Avec le temps, les pierres s’usent. Les couleurs changent. De nouvelles amarres et des pontons neufs viennent rappeler néanmoins qu’ils demeurent indispensables.

Ris :
La proximité des Plomarc’h, de ses cuves antiques, du gored, la découverte des vestiges d’une villa gallo-romaine, témoignent de l’occupation des lieux à une époque bien lointaine. La plage est belle à marée basse cet automne. Nous sommes septembre. A marée haute, fort coefficient de marée oblige, les vagues viennent se fracasser contre la jetée. Les enfants, les grands et les petits, viennent les défier. Vainqueur on est sec. Perdant on est quitte pour fréquenter le radiateur. C’est de la plage du Ris que pour beaucoup se révèle la beauté de Douarnenez et de sa baie écrin. Au loin le Rosmeur. Façades de couleurs. Gris des quais. Clochers des temples à la gloire du ciel. Maisons et murs accrochés, harmonie d’une ville en pente étanchant sa soif de vivre dans un morceau de mer nourricier. 

Rosmeur : Il désigne le port et l’agglomération qui le touche de près. Autrefois cet espace comprenait lui-même plusieurs quartiers, tenus chacun par une « bande ». On était du « Glazin » et on en était fier. On naissait rue « Monte-au-ciel ». On pouvait vivre rue Obscure ou rue de l’Espérance, à deux pas. Aujourd’hui les Anciens se souviennent encore des limites précises de ces micros quartiers au sein d’un territoire minuscule. Des milliers de marins, d’ouvrières d’usines, de jeunes enfants et de pensionnés y vivaient. Tantôt dans les rues, dans les venelles, dans les bistrots et sur les places. Tantôt sur les quais regorgeant d’activités. Tantôt dans l’intimité des appartements résonnant des voix des enfants. Tantôt dans le silence bruyant de mer de cette chapelle Sainte-Hélène, ancrée au cœur du quartier et de ses habitants, qu’ils croient au ciel ou qu’ils n’y croient pas. 

Sacré-Cœur : C’est l’« église neuve », celle de la paroisse érigée en 1875. Ses dimensions sont monumentales. Folie des grandeurs ? Peut-être pas. Jusqu’aux années Cinquante encore, ils sont des milliers à la fréquenter toutes les semaines, tout au long de la semaine et bien entendu le dimanche, le jour du Seigneur, le jour de l’Homme aussi. Erigé à la faveur des richesses données par une Révolution industrielle triomphante, ce temple peut surprendre aujourd’hui par sa froideur aseptisée. Pas d’œuvres d’art classées. Statues et vitraux répondant aux canons et aux matériaux d’une Eglise de la fin du 19ème siècle qui tente encore d’imposer un péremptoire « Allez à la messe » avant de réfléchir à un plus modeste « Allons aux marins ». Sous les vernis d’un art industriel et religieux, il faut alors se rendre attentif aux expressions de la foi typiquement maritimes, les poissons, les navires, les références à la mer qui parsèment ce vaisseau de pierre entre une baie nourricière et un ciel espéré. 

Sainte-Hélène : Depuis la Révolution, au civil, Douarnenez est une commune, un chef-lieu de canton. Jusqu’en 1875 cependant, au religieux, Douarnenez n’est rien, même pas une trève de la paroisse mère, de Ploaré. La chapelle de Sainte-Hélène demeure pourtant depuis des siècles l’espace sacré, le refuge des angoisses et des espoirs d’une population qui garde à l’esprit une foi trouble et vive. Enseignements, catéchismes, messes, mariages et autres sacrements officiels de l’Eglise catholique balisent l’histoire de cette maison du peuple et d’un Dieu révélé auquel on tente de croire. C’est aussi l’espace consacré à des rites plus intimes et répondant parfois moins aux règles canoniques d’une Eglise soucieuse d’éviter les actes propitiatoires à fleur de paganisme. On y dépose une bougie pour que la pêche soit bonne. On y invoque Santig-Du pour l’obtention d’un diplôme ou du permis de conduire, le retour de l’objet perdu. 

Windsurf, winch-club, kite-surf, surf, ski nautique… Le vent et la mer font très bon ménage à Douarnenez. En anglais ou en français se déclinent toute une litanie de noms, toute une série de photographies qui parlent d’elles-mêmes…

XXIème siècle : Le XXème siècle commençant, Douarnenez vivait d’une monoculture : la pêche à la sardine et sa mise en boîte. L’univers social, politique, religieux, tout était imprégné par la pêche. Le XXIème quant à lui sera maritime ou ne sera pas. Il ne faut pas être devin pour l’imaginer. Douarnenez ne peut pas tourner le dos à sa mer. Pêche, tourisme, nautisme, gastronomie, culture, santé… La mer n’est pas avare en bienfaits pour ceux qui la respectent. C’est sans doute encore dans un creuset de mer que se mélangeront les ingrédients de l’avenir pour notre Ville. 

Zone-refuge :   La baie de Douarnenez est magnifique. Qui dirait le contraire. Cette baie donne la vie à Douarnenez depuis l’installation d’une communauté d’hommes et de femmes ici, depuis des siècles. Elle a nourri l’imagination des artistes. Elle donne du goût aux amateurs de sports nautiques. Ses flots et ses côtes enchantent les visiteurs. Elle est une fierté. Elle est sacrée pour cela. Elle a toujours été une baie-refuge pour les navires. Un abri en cas de tempête. Faudrait-il la sacrifier pour en faire une zone-refuge pour les navires en difficultés (pétroliers, chimiquiers, navires de commerce divers…) ? C’est un projet. Souhaitons qu’il n’aboutisse jamais. En effet, remorquer en baie des navires au bord du naufrage produirait en mer et à terre des pollutions extra-ordinaires. 
   Hormis la catastrophe humaine, écologique, économique à laquelle conduirait une telle mesure, il ne faudrait pas oublier son incidence considérable pour Douarnenez, ses habitants, son avenir. Combien de temps faudra-t-il pour qu’une baie de Minamata au Japon ne soit plus synonyme de pollution au mercure et de maladies industrielles ? Qui aujourd’hui n’associe pas le port de La Hague voire le Cotentin tout entier, à l’usine assurant le traitement des combustibles nucléaires usés en provenance de réacteurs appartenant à des compagnies d'électricité ? Faut-il ajouter une nouvelle Baie, un nouveau morceau de mer, à la longue liste des endroits sacrifiés par la simple volonté de quelques responsables économiques et politiques, souvent de très bonne foi, mais qui ont peut-être une trop courte vue répondant à l’immédiateté des besoins.
   La réflexion ne doit-elle pas se porter plus en amont ? Sur la taille des navires ? Sur leur accompagnement ? Sur les sorties autorisées en mer malgré des conditions météo difficiles ? (…). L’économie est au service de l’Homme. Pas le contraire. La Baie de Douarnenez doit demeurer, dans le Droit, dans les faits, dans les esprits, un endroit préservé, respecté, sacré,  mis en valeur pour le bien commun de tous dans le respect de l’Histoire, du présent, des femmes et des hommes à venir. 


EN RESERVE : 

Slip-way : Sur le rocher de l’ancien îlot du Flimiou s’adosse depuis la fin des années Cinquante le slip-way. C’est l’endroit où les bateaux de pêche sont retirés de l’eau pour être carénés, remis en état après plusieurs marées. Charpentiers, peintres, mécaniciens (…) se sont mis successivement au chevet des chalutiers, langoustiers, palangriers et autres thoniers. 

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